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© CNRS - 2023

Numéro de notice

7714

Incendies : des chercheurs aux avant-postes

Certains incendies, comme ceux qui se sont déclarés dans la province de l'Alberta au Canada depuis mai 2023, semblent incontrôlables. Comment anticiper un phénomène aussi variable et imprévisible ? Ce reportage vous emmène en Corse, où des expériences de terrain et des simulations permettent aux scientifiques de mieux comprendre la dynamique des feux de forêt.

Durée

00:07:33

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HD

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VI

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Transcription


Commentaire Voix-Off :
Le feu est un élément imprévisible, couplé à la sécheresse, au vent, à une végétation dense, il peut faire des ravages. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique plus aucune région du monde n'est épargnée et désormais les incendies arrivent de plus en plus tôt dans la saison. Cette année, à partir de début mai, le feu ravageait déjà les Pyrénées et la province de l'Alberta, au Canada. A Corte, en Corse, une équipe de chercheurs est spécialisée dans l'étude des feux. A l'université ou sur le terrain, ils essayent de comprendre et d'anticiper leurs comportements. Voici la maison témoin du laboratoire Science pour l'environnement, elle sert à tester la résistance des matériaux face aux flammes.

Virginie TIHAY FELICELLI
L'avantage d'avoir une plateforme grandeur réelle, c'est qu'on a vu qu'en laboratoire, on ne pouvait pas extrapoler puisqu'il faut vraiment avoir un feu de forte intensité comme réellement pour avoir des données fiables. Donc là, l'avantage, c'est qu'on peut brûler toutes sortes de végétation et notamment, par exemple, de haies qui font six mètres de long, deux mètres de haut. Donc des choses qui commence à ressembler à ce que vous avez dans votre jardin.

Commentaire Voix-Off :
Aujourd'hui, l'équipe s'intéresse à la combustion d'une haie de cyprès. Pour cela, ils installent des branches d'un mètre de haut, située à trois mètres de l'habitation. Cela correspond aux obligations de débroussaillement. Et pour reproduire la puissance d'un incendie, de la frisure de bois est installé devant les branches. L'équipe est prête. Un scientifique, également pompier volontaire, allume la litière. Le vent associé à la pente propulse le feu vers la haie et qui s'embrase rapidement. Les flammes viennent lécher la façade de la maison. Juste après son passage, l'équipe observe comment les fenêtres ont résisté aux flammes. Elles sont de trois matériaux PVC, bois et aluminium.

Virginie TIHAY FELICELLI
La vitre de la fenêtre en PVC s'est brisée, donc on voit que la vitre qui était du côté extérieur est vraiment fissurée en 1000 morceaux et on voit que c'est parti des coins et on peut déjà voir que le cadre a chauffé qui s'est déformé. Par contre, les autres fenêtres ont supporté l'agression du feu. Donc on voit vraiment là que sans volets une fenêtre en PVC simple vitrage, c'est vraiment une très mauvaise idée puisqu'on a vraiment des trous et là, pour la peine, le feu peut rentrer, le double vitrage, ça a quand même protégé l'intérieur de la maison. Puis ce qu'il y a que la première vitre qui s'est cassée.

Commentaire Voix-Off :
Grâce aux capteurs placé partout dans la maison, les scientifiques collectent de précieuses données. Mais pour tester encore plus de scénarios, l'équipe utilise la modélisation. Jean-Baptiste Filippi, chercheur au CNRS, crée des incendies sur son ordinateur. Il s'intéresse notamment à l'impact de la météo locale sur le comportement d'un feu.

Jean-Baptiste FILIPPI
Ce qui change entre un endroit qui brûle, qui ne brûle pas, c'est la météo. On peut étudier ces interactions entre feu et atmosphère à une échelle de l'ordre de 100 mètres ou 50 mètres de résolution au plus bas, mais aussi sur des domaines très grands, ça veut dire qu'on peut essayer de re-simuler des phénomènes de méga feux, comme des pyrocumulonimbus ou des grandes tornades de feux ou des grandes accélérations. Et ça, ça ouvre des perspectives qui n'existait pas auparavant.

Commentaire Voix-Off :
En plus de la météo, le chercheur s'intéresse également à l'impact du relief. Il a recréé avec du sable la topographie de Prunelli-di-Fiumorbo un village corse identifié par les pompiers comme étant particulièrement à risque. Il projette ensuite sa simulation.

Jean-Baptiste FILIPPI
C'est un incendie qui partirait de l'Est parce qu'il y a souvent de la brise d'Est sur la zone et qui rentre à l'intérieur d'un canyon, le canyon qui est à l'est du village mais qui a aussi une pente assez forte, ce qui fait que le vent accélérant l'incendie qui est encore plus accéléré par la flamme, va créer encore plus de convection qui va accélérer le vent et un emballement de la vitesse de propagation qui fait qu'on peut avoir une puissance assez forte sur le flanc Est du village.

Commentaire Voix-Off :
Et ce village, le voici. Perché sur les hauteurs de ce paysage corse, Prunelli-di-Fiumorbo est entouré de verdure. Yolanda PEREZ RAMIREZ et Toussaint BARBONI viennent étudier sur place la végétation, le fameux maquis, ces arbustes denses qui se développent jusqu'en lisière de jardin. Ils essayent de savoir si cela représente un risque pour ces habitations.

Toussaint BARBONI
Actuellement en France donc l'obligation légale de débroussaillement, ce qu'on appelle les OLD, sont fixées à 50 mètres. Et donc il faut que les personnes et les particuliers nettoient leur maison, leur jardin autour, sur une distance de 50 mètres. Et nous, ce qu'on pose comme question justement avec cette pente et ce réchauffement climatique, c'est de savoir si cette distance est suffisante.

Commentaire Voix-Off :
Ils doivent pour cela caractériser la végétation grâce à un travail de terrain. Il faut répertorier les espèces sur une surface donnée pour quantifier la masse qui pourrait brûler. Les chercheurs s'intéressent particulièrement aux différentes strates. Du sol, aussi.

Yolanda PEREZ RAMIREZ
Ce qui est le plus dangereux, c'est lorsqu'on est dans une forêt ou il y a de la continuité horizontale, donc dans tous les strates, litière, herbacée, sous-bois, donc les arbustes, mais également verticale. Donc ça veut dire que les feux vont passer d'une strate à l'autre. Donc ça veut dire qu'elles vont brûler toute en même temps. Donc ça va être très intense et donc plus dangereux, ça va se propager plus vite Etc...

Commentaire Voix-Off :
Grâce à ces données de terrain, ils pourront mettre au point un modèle. Les végétaux seront insérés sous forme de ligne de code.

Yolanda PEREZ RAMIREZ
La taille de cet élément, la hauteur de sa base, la hauteur totale. On a certaines données, des hauteurs des arbres, des dimensions. On va venir les intégrer dans un modèle statistique qui permet en fait de nous donner la position de distribution de cette végétation et de voir comment ces mesures d'obligation légale de débroussaillement, peuvent protéger ces villages et donc essayer de quantifier de manière mathématique, numérique par ces modèles l'impact du feu sur les maisons, les personnes, etc.

Commentaire Voix-Off :
Des données clés pour la municipalité et les pompiers. Ce laboratoire travaille en permanence avec les soldats du feu pour leur faire bénéficier des outils mis au point. Ces modèles sont désormais utilisés dans les casernes pour anticiper le comportement des feux. Pompiers comme scientifiques, tous essayent de dompter cet élément si difficile à appréhender.

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