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© CNRS Images - 2019

Numéro de notice

6723

Nanoplastique, une soupe au goût amer ? (Le)

Les nanoplastiques dont la taille est inférieure au millième de millimètre sont la forme la plus fine de la pollution plastique. Des nano-déchets encore mal connus qui sont l'objet d'étude du projet de recherche Pepsea. Pour en étudier l'impact sur l'environnement, les chercheurs ont choisi la Guadeloupe. L'île qui est exposée à l'océan et au gyre Atlantique nord, une zone d'accumulation plastique, est le terrain d'étude parfait pour les chercheurs qui vont investir ses plages et ses mangroves. Ils étudient la capacité des nanoplastiques à accumuler des métaux et à véhiculer des polluants et les effets des différents paramètres de l'eau (salinité, température, pH) sur ces nano-déchets. Ils se penchent enfin, sur l'accumulation des nanoparticules chez les animaux présents sur les différents sites d'études du projet.
Les données ainsi récoltées sur le terrain serviront à reproduire les conditions en laboratoire afin d'étudier le comportement des nanoplastiques dans un contexte contrôlé. Comprendre leur impact sur l'environnement est un enjeu de taille, 9 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées tous les ans dans les océans de notre planète.

Durée

00:06:27

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Définition

HD

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Version(s)

Français
VI

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HD

Transcription


00: 07 Voix off
Des bidons, des bouteilles, et même des tongs… Ces nombreux déchets ne sont pourtant que la partie émergée de l'iceberg de plastique. Sur cette plage de Guadeloupe, comme partout ailleurs, on trouve aussi une très grande quantité de plastiques invisibles à l'oeil nu. Les micro-plastiques d'abord - dont la taille varie d'un millième de millimètre à un millimètre. Et puis, encore plus nombreux, les nanoplastiques, inférieurs au millième de millimètre.

00: 37 Julien GIGAULT ITV 1
Ce nanoplastique a des propriétés intrinsèques qui sont totalement différentes du microplastique. Il n'est pas soumis à la flottabilité, il n'est pas soumis à la sédimentation. Il a son comportement propre et ça en fait un objet à part entière.

00: 49 Voix off
Un objet à part entière… et un objet de recherche qui commence à peine à livrer ses secrets. Ces scientifiques étudient cette plage car elle est exposée à l'océan et notamment au gyre Atlantique Nord. Cette vaste zone d'accumulation des plastiques océaniques pourrait être la source de nombreux micro-fragments et de nano-fragments.

01: 10
Mais comment connaître précisément leurs origines ?
Pour répondre à cette question Mélanie Davranche, la chimiste de l'équipe, étudie les métaux associés à ces déchets.

01: 22 Mélanie DAVRANCHE ITV 2
La question est de savoir si les métaux sur les plastiques proviennent de l'eau ou proviennent de leurs formulations chimiques pour pouvoir ensuite utiliser cette quantité de métaux et la nature des métaux présents sur les plastiques et suivre leur cheminement de leur libération dans l'environnement jusqu'à leur arrivée ici sur les plages.

01:42 Voix off
Donc nous avons un 2ème objectif aussi qui est de connaître la capacité des plastiques ou des nanoplastiques à pouvoir piéger les métaux parce qu'il est bien probable vu leurs toutes petites tailles que ces plastiques aient la capacité
de piéger, de coller à leur surface des métaux et donc de transporter d'autres polluants pendant tout leur cheminement dans leur environnement et voir de les concentrer.

02:04 Voix off
Si les nanoplastiques peuvent accumuler les métaux, véhiculer des polluants, il faut comprendre comment ces déchets se diffusent dans l'environnement.
Leurs très petites tailles font qu'ils sont particulièrement difficiles à étudier dans leur milieu naturel. La recherche sur les nanoplastiques n'en n'est qu'à ses débuts.

02: 22 Julien GIGAULT ITV 1
Donc l'idée c'est vraiment d'aller étudier les sources, les transports et l'accumulation des plastiques. Qu'est ce qui vient de l'océan ? Qu'est ce qui y va ? Qu'est ce qui revient ? On sait que les plastiques arrivent dans le sol, passe par les rivières, passent ensuite par les estuaires et arrivent dans les océans. C'est un peu le schéma classique d'un déchet. Donc le nano il suit un peu le même comportement sauf que à chaque interface, il va interagir différemment avec l'environnement.

02: 22 Voix off
Le projet de recherche, baptisé PEPSEA, a été monté pour récolter un maximum de données sur ces mystérieux nano-déchets.
Pour explorer les différentes questions liées aux nanoplastiques, la Guadeloupe représente le terrain idéal pour étudier leur source, leur transformation, leur impact. Car l'île dispose, sur un territoire limité, d'une grande diversité de sites et autant de questions scientifiques à explorer.

03: 16 Julien GIGAULT ITV 1
Dans le cas des mangroves ce qui m'intéresse moi c'est le fort contraste de salinité, donc le gradient de sel. C'est à dire que lorsque vous arrivez de la terre jusqu'à la mer vous avez une salinité qui augmente de l'eau douce jusqu'à l'eau salé. Dans cette zone de mélange les nanoparticules d'une manière générale vont se comporter différemment suivant la dynamique des fluides, suivant la dynamique de température, de gradient de sel, toutes ces conditions vont affecter, vont contrôler le comportement.

03: 46 Voix off
Pour mesurer les différents paramètres de l'eau - salinité, température, pH - à différents points de la mangrove, l'équipe a dû construire un instrument un peu particulier installé sur une planche de surf.
Les scientifiques étudieront deux mangroves complémentaires.
La première, la mangrove de la rivière salée est exposée à la décharge de la Gabarre. Les nanoplastiques prélevés auront donc suivi le chemin classique du déchet qui part du sol de la décharge jusqu'à l'océan en passant par le cours d'eau. La seconde mangrove, la mangrove du Moule, quant à elle est très peu exposée aux déchets ménagers. En revanche, elle est fortement soumise au gyre Atlantique Nord - donc une source de plastiques océaniques.

04: 26 Voix off
Quelle que soit la provenance des nanoplastiques, ils occupent une place de plus en plus grande dans le monde vivant - avec un impact encore difficile à quantifier.
Magalie Baudrimont, biologiste, s'est ainsi associée à l'équipe pour étudier l'accumulation des nanoplastiques chez les animaux dans les différents sites du projet.

04: 51 Magalie BAUDRIMONT ITV 2
Et donc ici à la Gabarre sur le premier site, on est allé prélever sur les racines de palétuvier différentes espèces. Donc on a d'abord du biofilm, donc ce sont des microorganismes qui se développent le long des racines et sur la coquille des huîtres qui sont composés de diatomées, ce sont des algues microscopiques et de bactéries. Et donc nous on s'intéresse à la fraction algues microscopiques. On a prélevé aussi des huîtres et on prélève également des moules et puis des petits gastéropodes, c'est à dire des petits escargots qui vivent sur les racines de palétuviers, également des petits crabes qui sont sur les racines. Et là on va faire différents types de prélèvement. Donc des prélèvements pour regarder les impacts toxiques sur différentes fonctions, donc on regarde ça par des réponses génétiques et puis on fait des prélèvements aussi pour mesurer les plastiques et les métaux associés à ces plastiques dans les différents tissus.


03: 46 Voix off
Grâce à toutes les données récoltées sur le terrain lors de la campagne Pepsea, les scientifiques pourront reproduire les conditions en laboratoire afin d'étudier le comportement des nanoplastiques dans un contexte bien contrôlé.
La compréhension de ses systèmes complexes leur permettra, à terme, de mieux anticiper ce qu'il se passe dans la nature.
L'enjeu est de taille : plus de 9 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés tous les ans dans les océans de notre planète.

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